La prise de conscience... Quelle vérité et quelles tendances au milieu de tout cela ?
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La prise de conscience... Quelle vérité et quelles tendances au milieu de tout cela ?
MODULE 3
Tout au long de notre année de travail collaboratif nous avons pu débattre et échanger à partir de tout le matériel récupéré lors des conférences, rencontres, visites et tables rondes auxquelles nous avons pu participer. Ce qui nous a permis d’identifier au travers d’une analyse fine des contenus de l’ensemble des restitutions les faits et arguments saillants en lien avec notre controverse. Une façon de lui donner suffisamment de relief et de mettre en valeur les acteurs clés rencontrés. Pour comprendre la genèse d’une controverse, il est toujours intéressant de revenir à l’origine de notre aventure profondément liée à la typologie de notre groupe multiculturel en termes d’idées, de vécu, de sensibilité et de vision des choses autour d’une thème commun « L’impact du numérique » dans l’évolution du monde économique et du travail et ce au travers d’un programme concocté par l’INTEFP. En ce qui nous concerne, nous nous concentrerons sur les données, arguments et divers questionnements directement liés à la mutation des modèles économiques et laisserons le soin aux autres groupes de récupérer les informations liés à leur propre controverse. Nous vous proposons de reprendre les différentes étapes de notre aventure commune, module par module car nous pensons y déceler une forme de chronologie induite par la teneur et le contenu de ceux-ci … de la découverte du phénomène à la prise de conscience collective.
De retour à Marcy l'Etoile, la session s'est concentrée pour ce 3éme module sur les plateformes et la question du travail avec un zoom sur l'Allemagne.
Le numérique de quoi parle-t-on ? Est-ce un nouvel acteur avec l’arrivée d’Internet dans les années 1990 ? L’économie numérique est-elle un accélérateur de nouveaux modèles économiques et sociaux ? Qu’en est-il de l’impact de la dématérialisation, est-ce l’apparition de nouvelles structures qui amène à penser de nouveaux modèles économiques et sociaux en correspondance avec l’organisation des entreprises, des institutions et de la société civile ? Assiste-t-on à une explosion cambrienne c’est-à-dire que tout un ensemble de technologies se développe simultanément et interagit ? Est-il l’heure de « Penser l’interaction du social et de la technologie » ?
Il est temps de cerner ces nouvelles manières de concevoir, produire, consommer, commercialiser des biens et des services, mesurer l’impact des nouveaux usages, des modes de communication et d’interactions.
Leurs conséquences sur les modèles industriels, économiques notamment sur l’emploi et le travail sont à prendre en compte. Il est nécessaire aussi d’identifier leur impact sociétal pour tisser les premières hypothèses de chemins possibles en saisissant les opportunités offertes par le numérique qui sont à construire.
Ce qu’il en est aujourd’hui :
• 3,77 milliards de personnes se connectent chaque jour,
• 4 millions de vidéos regardées sur Youtube,
• 300 heures sont téléchargées par minute,
• 30 billions de dollars de transactions sur Square,
• 65 millions de tweets chaque jour sur Twitter,
• 300 millions de profils reliés sur Linkedin.
Notons que pour chaque objectif ou action de notre vie, une application est aujourd’hui disponible : voyager, faire des recherches documentaires, regarder des vidéos, gérer ses comptes, faire des achats, téléphoner, photographier, compter ses pas, etc.
« C’est par le passage d’un paradigme à un autre, d’une société technique à une autre que serait possible le redéploiement de l’espace imaginaire », Bachelard.
Alors posons-nous la question, quel sera le visage du travail dans vingt ans ?
Que produira la France demain ?
Quel impact ont la robotisation et l’automatisation ?
Est-ce un retour au local comme outil de développement ?
Quelles formes de travail ? Vers la multiplication des formes de travail ?
Quelles évolutions de la prescription et des rythmes de travail ?
QUE PRODUIRA LA FRANCE DE DEMAIN ?
La production industrielle décroît, le relais étant pris par le développement des services. Le besoin du consommateur a changé, en même temps que de nouveaux produits lui étaient proposés, et l’industrie s’est adaptée. Les activités de service ont connu un développement significatif. Des formes nouvelles d’activité sont apparues, liées au développement des technologies, à celui des échanges internationaux ou, dans un tout autre registre, au vieillissement de la population. Ainsi, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont modifié profondément la relation client/fournisseur à travers une « dématérialisation » des échanges (automates, internet dans les banques, services postaux et assurance par exemple). Elles ont permis le développement de l’e-commerce qui, dans un contexte de mondialisation de la production, a concouru à l’augmentation des échanges et donc au fort développement des activités de logistique, etc. Les activités de services à la personne ont beaucoup augmenté, par exemple dans le tourisme et les loisirs. Leur déclinaison pour les personnes âgées et/ou dépendantes est devenue une part importante dans le budget des organismes sociaux et des collectivités territoriales, avec un fort développement de métiers d’aide à domicile dont l’évolution est marquée par le développement de la téléassistance, la télégestion et le recours à la domotique.
ROBOTISATION ET AUTOMATISATION ?
Le développement de l’intelligence artificielle et une possible marginalisation de l’homme dans le processus de création sont apparus comme un enjeu central. Ces derniers mois, plusieurs études sont parues, traitant de l’impact de la robotisation –automatisation sur l’emploi. Elles se montraient alarmistes, évoquant la destruction de la moitié des emplois actuels à un horizon compris entre dix et vingt ans, ou plus rassurantes, limitant la « casse » pour la France à environ 10 % du stock d’emplois, avec des conséquences plus faibles sur environ 20%.
Quelle que soit la pertinence de ces différents pronostics, il apparaît que depuis le début du XXème siècle, voire depuis celui de la révolution industrielle, il a été possible à tout moment d’imaginer, sinon de prévoir exactement, quels emplois auraient disparu dix ans plus tard, sans avoir les moyens de conceptualiser par quelles autres activités ils seraient remplacés. Il est donc possible d’estimer qu’il pourrait en être de même de nos jours, notre capacité à nous projeter dans l’avenir restant toujours aussi perfectible... l’intelligence artificielle a cependant été évoquée comme susceptible de ralentir ou même stopper ce phénomène de destruction créatrice. En d’autres termes, aucun emploi ne serait généré par les nouvelles activités si elles sont dévolues à la machine plutôt qu’à l’Homme. La maîtrise des rythmes de travail liés à l’automatisation est considérée comme un élément essentiel, notamment en raison des conséquences possibles sur la santé. La robotisation-automatisation peut être un formidable outil au service du travailleur, en permettant de diminuer les contraintes physiques, d’éviter le port de charges ou les gestes répétitifs et en enrichissant le travail.
A contrario, si le rythme est défini par la machine et que le travailleur est contraint de s’adapter à un schéma de travail qui ne lui fait pas toute sa place, en tenant compte de ses limitations et de ses compétences, le mode d’organisation de la production peut devenir délétère, voire excluant, tant du point de vue physiologique que psychologique.
L’ESSOR DES RÉSEAUX LOCAUX ?
Espaces de coworking, fablabs, utilisation des imprimantes 3D... le développement des technologies de l’information et de la communication peuvent favoriser l’essor de réseau locaux solidement ancrés dans leur région et offrant des prestations bien calibrées par rapport aux besoins.
Le système d’échanges locaux (SEL) ou les monnaies locales répondent à de fortes logiques de territorialité. Les économies de complément, qu’elles soient organisées (utilisation de plates-formes pour mettre en rapport fournisseurs et clients) ou du registre de la débrouille, peuvent aussi constituer un apport significatif aux ressources de certaines populations au niveau local.
TRAVAIL INDÉPENDANT LA NOUVELLE FORME ?
L’émergence de nouvelles formes de travail (le CDI restant largement dominant depuis plusieurs dizaines d’années), la flexibilité de l’emploi sont encouragées par la facilitation des CDD ou par des mesures incitatives en faveur du travail indépendant, en particulier l’auto-entreprise. Les carrières professionnelles sont plus heurtées et plus variées, profondément marquées par un chômage de masse. L’époque se caractérise également par l’éclatement relatif des temps et des lieux de travail, surtout grâce au développement des TIC dont internet.
La tendance au cours des années à venir serait l’accentuation de ces phénomènes.
A partir de ces constats, plusieurs hypothèses sont à envisager.
Une poursuite du développement du travail indépendant, le contrat commercial se substituant au contrat de travail, ou une pénurie d’emplois, à laquelle divers traitements ont été proposés : mise en place d’un revenu universel visant à garantir les conditions minimales d’existence, partage du travail dans le cadre d’un dispositif de flexisécurité permettant l’alternance de périodes d’emploi, de formation, et la reconnaissance de formes de travail aujourd’hui ignorées, s’exerçant au profit de la collectivité...
Autre scénario envisagé, une « saisonnalisation » de l’employabilité : contrats précaires, stages, CDD, chômage, réorientation via la formation jusqu’à 30 ans, CDI classique entre 30 et 50 ans, puis statut forcé d’indépendant au-delà de 50 ans ...
Et enfin les évolutions de la prescription et des rythmes de travail sont à envisager.
En examinant l’organisation du travail depuis quelques années, le constat est clair : le travail est de plus en plus prescrit. Les contraintes organisationnelles sont de plus en plus fortes. Les technologies de l’information et de la communication ont certes accéléré et facilité les échanges d’informations mais leur utilisation présente un des facteurs les plus importants d’intensification, à travers notamment l’individualisation des tâches et de leur suivi et l’atténuation de la frontière entre vie privée et vie professionnelle.
POUR UNE TECHNIQUE AU SERVICE DE L'HOMME ?
Pour autant, cette intensification n’a pas forcément pour corollaire une augmentation de la productivité, laquelle au contraire a nettement marqué le pas au cours des dernières années. Prenons-nous à rêver à l’encontre des tendances actuelles et envisageons ensemble les nouvelles marges de manœuvre pour les entreprises et l’ensemble des acteurs économiques et sociaux.
UNE PRISE DE CONSCIENCE SUR L'EUROPE
Au travers des différents débats, nous pouvons compléter notre regard sur l’Europe au travers de la construction de l’Allemagne « digitale » de demain dans un contexte très industriel (Industry 4.0) où les entreprises et les marchés se cherchent tout en faisant émerger des champions du numérique. Un regard à croiser avec l’action menée en Europe autour du modèle UBER et les conséquences engendrées sur les conditions de travail pour aller jusqu’à souligner cette nouvelle forme d’esclavage moderne...
Ce fut également l’occasion de se confronter à la stratégie de Carrefour pris entre investissements lourds en technologie, présence physique et locale, inclusion autour du métier de caissière, un accord sur la transformation numérique. Un modèle pas encore mature face à la concurrence d’Amazon.
C’est également la prise de conscience qu’au-delà de la e-économie lourde symbolisée par le monde des GAFAM et des BATX, des plateformes communautaires (Mangroov, La Ruche Qui Dit oui, OuiShare, ...) s’organisent pour apporter du contenu et des services à ces membres. Et donner du sens à cette e- économie au-delà du simple fait d’être un consommateur ou une proie.
C’est également pouvoir réfléchir comment le territoire, l’administration et les grands groupes de haute technologie abordent de différente façon la transformation numérique, à la recherche de nouveaux modèles d’organisation et de technologies disponibles ou à développer et que le télétravail amène également son lot d’opportunités et de contraintes.....
AUCUN EMPLOI NE SERAIT GÉNÉRÉ PAR LES NOUVELLES ACTIVITÉS SI ELLES SONT DÉVOLUES À LA MACHINE PLUTÔT QU'À L'HOMME
EN EXAMINANT L'ORGANISATION DU TRAVAIL DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LE CONSTAT EST CLAIR : LE TRAVAIL EST DE PLUS EN PLUS PRESCRIT
«C’est par le passage d’un paradigme à un autre, d’une société technique à une autre que serait possible le redéploiement de l’espace imaginaire»
Bachelard
RESSOURCES
SYNTHÈSE
• Programme du module 3
• Prise de notes
• Restitution du module 3
• Allemagne : l'impact de la la numérisation de l'emploi
• Article 60 de la loi du 8 août 2016
• Les relations entre les plateformes numériques et les travailleurs
INTERVENTIONS
• «Nouvelle politique industrielle en Allemagne», Amrin Schild
• L'innovation digitale ouverte à Pôle Emploi
• «La responsabilité sociale des plateformes numériques», David Errard et Nicolas Cotrufo.
• «Enjeux de la numérisation de l’industrie en Allemagne et impact sur le monde du travail», Dominik Grillmayer
• «Thales, un groupe international leader dans les domaines des hautes technologies», Didier Pignon
• «Enjeux et impacts des nouvelles formes de travail distant pour les oragnisations et les territoires», Jean Pouly
• «L'ère(aire) numérique... Quel terrain de jeu pour le management ?», Martine Le Boulaire
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